La jeune fille s'engagea sur le sentier bordé d'herbes folles qu'elle connaissait si bien, les poignées de son sac trop lourd écorchant ses mains fines et blanches de musicienne.
Elle n'avait pas prit de taxi pour traverser la ville, elle préférait reprendre peu à peu ses marques.
Rien n'avait changé en ces quelques mois d'absence. Non, rien du tout.
Il ne faisait pas beau, ce matin là. La pluie, pourtant, semblait être loin. Le ciel était juste cottoneux, duveteux, doux.
Enfin, après avoir franchi les dunes, elle découvrit ce qu'elle espérait.
La mer, la plage, presque déserte en cette heure matinale.
Retirant ses chaussures, elle fit quelques pas sur la grève, goutant le plaisir chaque fois renouvelé de la caresse du sable sur ses pieds.
Elle revenait, enfin, après des semaines d'absences, longues et nombreuses. Elle était vêtue d'une chemise blanche avec une longue veste bleue, suffisante pour la douceur étrange de ce mois de novembre.
La jeune voyageuse posa sa lourde valise sur le sable, et s'assit à côté, contemplant l'immensité de l'océan, les vagues berçant son coeur.
Elle souriait doucement. Tout en elle, d'ailleurs, sentait la douceur, dans son attitude, sa manière de marcher... Mais dans cette douceur était empreint d'une grande mélancolie, à la limite de la dépression heureuse.
Elle se sentait bien sur cette plage. C'était là qu'elle avait connu une grande amitié avec Yam, qui était devenu un bel amour, et puis qui finalement était lamentablement tombé à l'eau. Mais elle ne regrettait pas. Non, la tristesse qu'elle avait dans son coeur, c'était le souvenir de Dark, rencontré de manière quasi-surnaturelle une nuit d'orage dans le parc, et revu sur cette plage.
A cette pensée, ses yeux en amande, noirs et liquides, se firent un peu plus triste.
Depuis qu'il avait disparu, elle était toujours plongée dans cet état de spleen fantômatique. Elle se déplaçait comme un spectre, discrète, inaperçue, pourtant, toujours souriante, d'un air absent.
Elle se dit qu'elle avait bien changé. Elle était loin la Yukie écervelée et dynamique de sa première arrivée.
Maintenant, elle était vaporeuse, comme toujours droguée. C'était étrange. Elle se dit qu'elle aimerait bien retrouver la joie de vivre insouciante qu'elle avait il y a bien longtemps...
*C'était bien... Mais les amis que j'ai eu ici doivent être loin à l'heure qu'il est...*
Un sourire plus franc s'afficha sur son visage pâle. Il fallait repartir d'un bon pied.
Ce serait bien, si elle trouvait quelqu'un avec qui, par exemple, faire de la voile. C'est un temps idéal en ce moment.
Plongée dans ses pensées, cependant, elle n'avait pas entendu quelqu'un s'approcher..