Oublier cette journée...

Kichi pénétra dans le bar, après avoir essuyé une pluie diluvienne. Elle était trempée, ses vêtements collaient à sa peau et ses cheveux étaient plaqués contre son visage, alors que le tonnerre grondait toujours au-dehors et que la pluie devenait plus violente. Elle martelait les vitres du petit salon, produisant un bruit assourdissant.
Kichi n'avait, malheureusement, pas songé à prendre de parapluie avec elle, et elle n'avait pas prévu qu'il pleuvrait, bien que du beau temps avait été annoncé et que la météo avait prévu 24°C. Il ne s'agissait ici, sans doute, que d'une pluie de passage. Kichi s'était rendue à ce bar, dans le but de se réchauffer. La jeune femme regarda autour d'elle.

Dès qu'elle entra dans la petite pièce, une bouffée de chaleur la fouetta en plein visage. Une odeur âcre de cigare et de sueur flottait dans l'air. Des brouhahas et des rires s'élevaient, des éclats de voix fusaient ça et là. Kichi poussa un petit soupir et essuya ses chaussures sur le tapis à l'entrée. Elle se dirigea vers le bar.

- Quel temps...

Elle s'installa au bar, alors que le barman se dirigeait déjà vers elle, en essuyant un vers avec un torchon. Il lui sourit doucement et prit la commande de la jeune demoiselle. Elle ne désirait autre qu'une verre de whisky afin d'avoir une petite consolation au cours de cette triste journée. Le barman acquiesça d'un signe de tête et s'éloigna, afin de préparer son verre. Kichi poussa un profond soupir à fendre l'âme et enfouit son visage dans ses mains.

Il observait les volutes de fumées s'élevant paresseusement dans les airs en une promenade légère et immatérielle. Le tracé grisâtre evanescent que cette promenade aérienne offrait à l'unique oeil valide du jeune homme le laissait flotter dans l'océan chaotique de ses pensées vagabondes. Il était perdu au coeur des tréfonds abyssaux de son esprit étheré, en proie à ses songes les plus divers et variés en cette heure d'un calme omniprésent et d'un ennui allant de pair. Il avait certes bien fait de prendre ce travail à mi-temps afin d'arrondir un tantinet ses fins de mois; néanmoins, le peu de personnes le visitant en fin d'après-midi en périodes de vacances lui laissait plus que largement le temps de se perdre dans ses pensées. Même s'il était vrai que l'idée d'être payé à rien faire lui plaisait somme toute assez bien, il préférait de loin avoir un peu de compagnie plutôt que de sombrer dans la torpeur. Aussi, il tressaillit en entendant le tintement de la porte d'entrée; laissant aussitôt son corps pivoter, il pénétra dans l'établissement par la porte de derrière, quittant la venelle où il prenait une enième pause.

Cigarette au coin des lèvres, il sortit de l'ombre pour reparaître derrière le comptoir, ayant repris en venant le verre qu'il essuyait précédemment avant d'être sous le coup d'une paresse trop présente que pour terminer son nettoyage. Il posa son regard sur la silhouette en piteux état qui venait de se glisser au coeur de l'izakaya où il était seul membre du personnel en présence à cette heure tardive. Au vu de l'état que la demoiselle qui venait d'entrer arborait, nul doute quand au fait qu'elle ait été surprise par la pluie battante qui tempêtait au dehors et qu'elle en avait fait les frais. Visiblement, le moral avait loin d'être au beau fixe aussi pour elle, à en juger par la frimousse dépitée qu'elle affichait. Il lui sourit, le regard empli de compassion, et alla préparer un verre de whisky, petit remontant qui lui ferait certainement du bien. Il en profita pour se saisir d'une serviette de toilette propre sous le comptoir, qu'il proposa à la jeune fille tout en posant sa commande devant elle. La clope au bec, il la gratifia d'un sourire compréhensif :

Auriez-vous besoin d'une oreille attentive pour vous défaire de vos tracas, miss?

Kichi releva la tête, en bafouillant un vague merci au barman qui venait de la servir, alors qu'il lui proposait gentiment de l'écouter. Apparemment, il avait qu'elle n'était pas dans son état le plus glorieux, voire même qu'elle se trouvait dans un état lamentable, en plus d'être trempée comme une serpillière par cette pluie diluvienne et maudite qui semblait s'être abattue sur elle juste pour l'ennuyer plus profondément qu'elle ne l'était déjà. Elle étudia plus attentivement le barman, un homme qui semblait plutôt jeune, plus grand qu'elle. Sa silhouette élancée, il avait un œil invalide qu'un bandeau noir couvrait.

Kichi poussa un petit soupir et secoua la tête en caressant, d'une main distraite, le bord du verre de whisky dont elle contemplait avec ennuie et avidité, mêlés, le fond, comme si elle désirait se noyer dans cet alcool. Elle savait qu'elle ne supportait que très mal les boissons alcoolisées, mais elle s'en fichait pas mal en cette sombre journée, elle avait besoin d'un remontant. Elle prit le verre dans sa main, qui glissa légèrement, vu comme elle était trempée, et elle en but une gorgée. L'alcool s'écoula dans sa gorge et la brûla légèrement. Sitôt, une douce chaleur l'enveloppa et ses joues rosirent. Elle regarda à nouveau le barman.

- Cela ira, ne vous inquiétez pas pour moi...

Le menton au creux de sa main, elle fixait un point invisible, qui semblait soudain l'attirer. Son regard se perdait dans le vide et ses pensées s'égaraient, alors qu'elle se remémorait la journée, et qu'elle sentait son cœur battre furieusement contre sa poitrine. Elle ignorait quels sentiments se faisaient guerre en elle. Il y en avait tant qu'elle ne parvenait plus même à les discerner correctement...

Comme vous voudrez, n'hésitez pas.

Il se laissa aller un instant à détailler le physique de la nouvelle venue lorsqu'il posa le verre ainsi que la serviette sur le comptoir, à sa disposition. Un doux minois, une silhouette fine, une allure fragile et juvénile... Jolie. Assez son genre, au demeurant. S'il eut eu quelques années de moins, sans nul doute se serait il penché sur la demoiselle. Néanmoins, il s'était calmé avec l'âge, et qui plus est ne pouvait pas avoir de relation avec une représentante de la gent féminine mineure sans risquer quelques ennuis, le fait étant délictueux de par l'âge qui était le sien. Il lui était bien entendu parfaitement impossible de deviner l'âge de la jeune fille, et bien qu'il soit capable de l'estimer par son apparence, il s'en passa; il était encore trop perdu dans ses pensées pour ne fût-ce que songer à tenter quelque approche que ce soit dans le domaine en question. Toutefois, il avait dans l'idée d'apaiser un peu les tourments qui semblaient peser à la jeune femme. C'était une résolution pour lui que de toujours chercher à apaiser le malheur des autres s'il en avait la possibilité, ayant bien trop souffert des aléas de la vie pour sa part que pour savoir amplement que l'on aime voir une main secourable lorsque l'on est en proie au désarroi.

Au vu des rougeurs colorant les joues de la jeune femme aussitôt qu'elle eut avalé une goulée d'alcool, il devina qu'elle ne devait pas être très accoutumée à boire ce genre de chose. Cigarette au coin des lèvres, il s'approcha, posant une main sur le comptoir et se penchant sur la jeune fille d'un air soucieux. Il avait l'impression de se voir, déjà en proie à une addiction à l'alcool au beau milieu de son adolescence qui, en définitive, ne l'avait jamais vraiment quitté. Il était assez laconique à la seule idée que quelqu'un suive la même voie que lui, bien sombre, avouons-le. Le fait que ce genre de schéma se reproduise n'était vraiment pas une perspective de toute gaieté.

Vous devriez pas boire ce genre de choses mademoiselle, c'est pas ça qui arrangera vos problèmes...

Un conseil qu'il n'avait pû s'empêcher d'énoncer, ne pouvant qu'estimer que le fait qu'elle risque d'emprunter la même vie que lui était loin d'être bon. Il écrasa sa cigarette en un imperceptible grésillement, laissant son mégot dans le cendrier d'argent. Non, il ne pouvait pas se résoudre à laisser qui que ce soit subir ce qu'il avait enduré durant sa jeunesse. C'était un sort qu'il ne souhaitait à personne, absolument personne...

Vous savez, ça fait généralement du bien de parler de ce qui nous préoccupe... insista-t-il, posant sur elle un regard bienveillant, un pâle sourire sur le visage. Il voulait simplement lui venir en aide afin de la soûlager de ses soucis. D'un geste minutieux, il releva doucement le visage de la demoiselle de sa main libre pour plonger son regard d'émeraude dans le sien, afin de lui prouver ses bonnes intentions.

Kichi détourna le regard. Elle ne doutait aucunement que les intentions du barman fussent bonnes, mais elle ne désirait nullement en parler. Juste enfouir cela au plus profond d'elle-même. Oublier... Elle s'éclaircit la voix et but d'un trait le verre de whisky, ne prêtant aucune attention au conseil du barman. Oui, elle ne devrait pas boire ce verre de whisky. mais si ce simple verre pouvait lui faire oublier ce qu'elle voulait dissimuler au plus profond d'elle-même, alors elle ne se priverait pas...

Elle reposa le verre un peu plus brutalement qu'elle ne l'aurait voulu, sur le comptoir, et une légère fissure apparut. es joues à présent rouge, elle continua de caressa le bord du verre de son index, en se perdant une fois de plus dans ses pensées. Elle avait agi stupidement, elle le savait. Mais elle mettrait cela sur le compte de l'âge... Encore une fois. Avec un petit soupir, elle enfouit son visage au creux de ses bras.

Kichi n'avait parlé que très peu au barman qui semblait vouloir qu'elle parle et la raisonner légèrement au sujet de l'alcool, mais la consoler quant à ses horreurs auxquelles elle pensait... La tête enfouie dans ses bras, elle regardait les ténèbres qui régnaient, à présent. Elle poussait de légers soupirs, alors que des larmes perlaient à ses yeux. Elle savait qu'elle avait été impolie en ne parlant pas au barman, mais... Mais c'était ainsi...

Elle releva la tête, le teint vermeille, et tenta de fixer ses yeux sur le visage de l'homme, bien qu'elle y parvenait avec beaucoup de difficultés et qu'elle se concentrait difficilement sur cette tâche. Elle ouvrit la bouche, pour lui parler, en se sentant glisser légèrement de la chaise sur laquelle elle était assise.

- Je vous ai dit de ne pas vous inquiéter...

Il observait d'un oeil critique le regard embrumé et le teint écarlate de la demoiselle tandis qu'il lui relevait doucement la tête, la dévisageant fixement. Elle avait détourné le regard et avait avalé le restant de son verre cul sec. Au vu du peu d'accoutumance qu'elle semblait avoir à l'alcool, il savait par avance que ce geste allait mal tourner lorsqu'elle l'esquissa. Mais, sachant pertinemment qu'il ne servait à rien de l'arrêter et qu'il n'en aurait de toute manière pas le temps ni la possibilité, il la laissa faire comme elle le souhaitait, se disant qu'elle comprendrait bien par elle-même le mal que cela allait lui faire de par les conséquences que provoquerait le fait d'avaler son alcool de la sorte. Il ne prêta pas attention au bruit de cassure qui provint du verre, s'y attendant tout simplement. Un profond sentiment de lassitude vit le jour en lui, tandis qu'il lâchait un lent soupir, blasé. Combien de fois n'avait-il pas assisté à une scène de ce genre, et combien de fois n'avait-il pas été celui qui s'en voyait au centre? Il n'avait que trop toléré cette situation mille fois répétée au cours de son existence passée.

De ne pas s'inquiéter? Mais il n'y avait lieu que de ça. Elle était en train de gâcher sa santé, et si elle persistait dans la voie de l'alcool, sa vie, et peut-être jusqu'à son existence elle-même si elle y adjoignait d'autres vices. Vraiment... Il était idiot qu'une demoiselle se détruise à petit feu de la sorte. Il ne savait pas ce qui la tourmentait, mais il était certain d'une chose, que rien ne pouvait valoir la peine que l'on se fasse du mal de la sorte, se condamnant inéxorablement si l'on perdurait dans un choix de vie plus que néfaste, tel que celui de calmer les problèmes à coups de bouteille. Testé et approuvé, pouvait-il dire; il en avait fait les frais avant elle et savait pertinemment que ce n'était pas le meilleur moyen pour rendre la vie plus belle, tout du contraire. La voyant vaciller, il contourna rapidement le comptoir et la récupéra au creux de ses bras pour lui éviter une chute douloureuse. Fermant lentement les yeux, il resserra doucement les bras autours de sa silhouette fine, la laissant contre son propre corps. Il s'empara de la serviette restée sur le comptoir et entreprit de sécher doucement, méthodiquement les cheveux et le visage de la demoiselle.

Bizarrement, j'crois qu'y a de quoi... finit-il par rétorquer d'un ton compatissant.

Kichi avait vu le jeune homme contourner précipitamment le comptoir pour la rattraper dans ses bras., avant qu'elle ne tombe lourdement sur le sol dur et froid du bar et ne se fasse mal. Il s'empara de la serviette restée sur le comptoir et entreprit de lui sécher méticuleusement les cheveux, en affirmant qu'il y avait lieu de s'inquiéter. Kichi se laissa faire et poussa un petit soupir. De toute manière, elle n'avait plus de force pour esquisser le moindre geste. Et cette attention que lui prêtait le barman la réconfortait quelque peu au milieu de cette sombre journée où ses souvenirs d'enfance avaient resurgis. Des souvenirs qui la terrifiaient. En particulier lors de cette nuit...

La jeune fille baissa la tête et se demanda s'il était vraiment utile de se faire encore du soucis pour ce qu'il s'était déjà produit. Ce geste inévitable. Cette marque qu'elle ne pouvait plus effacer, ancrée au plus profond d'elle-même, ancrée dans sa matière grise. Elle releva doucement la tête pour regarder le jeune homme, en bafouillant une vague excuse. Elle se sentait minable, ridicule. Elle aurait mieux fait de suivre son conseil et de mettre au clair ses idées, afin de savoir s'il valait le coup de réellement s'apitoyer sur son sort juste pour cela...

- Je voulais juste oublier un souvenir douloureux... Quand j'étais au collège, à la fin de mon année de troisième, par une nuit sombre, j'ai été violée... Rien d'autre...

Pourquoi se mettait-elle, soudainement, à compter son passé à un parfait inconnu? Trouvait-elle, en lui, un certain réconfort dont elle n'avait pas eu conscience quelques minutes plus tôt? C'était bien possible... Et puis, au début, il lui avait proposé de l'écouter. Pour éviter, certainement, ce geste idiot qu'elle avait fait, c'est à dire finir son verre d'alcool d'un seul trait. Elle poussa un autre petit soupir et baissa la tête, alors qu'une étrange lueur de tristesse brillait dans ses yeux.

Il continuait d'essuyer avec douceur et méthode la crinière rutilante de la demoiselle, ôtant doucement mais sûrement l'intégralité de l'eau qui ruisselait le long de ses mèches lumineuses. Il sourit tristement lorsqu'elle prononça de faibles excuses, plus que visiblement sonnée par les méfaits de l'alcool sur sa personne. La mélancolie étreignait épineusement le coeur de Dark, qui avait l'impression de revoir sa propre déchéance dans celle de la jeune femme, ce qui avait toutefois l'effet d'accentuer encore son empathie vis-à-vis d'elle. C'était une bien curieuse sensation qu'il ressentait présentement, à voir quelqu'un emprunter le sentier obscur sur lequel il avait marché auparavant. Un chemin qu'il fallait à tout prix empêcher d'emprunter, et ce à qui que ce soit. Il n'était pas question qu'il laisse quiconque gâcher sa vie en marchant sur ses traces, cette simple perspective suffisait à lui hérisser le poil. Non, il ne pouvait pas laisser quelqu'un sombrer comme il l'avait fait en son temps...

Lentement, il passa ses doigts sur le joli minois de la demoiselle, parcourant sa peau délicatement, jusqu'à en venir à masquer son regard de la main. Pas par une étreinte ferme; simplement un passage léger sur l'épiderme de la jeune femme laissé en suspens quelques instants durant, masquant la vue et laissant l'ombre apaisante venir calmer un peu l'animosité qui faisait frémir la jeune femme. Dark cherchait à lui apporter un peu de sérénité, ce qui, à son sens, était nécéssaire en ce moment. Il passa sa main libre dans la chevelure encore légèrement humide de la demoiselle, laissant un instant de silence régner avant de se baisser légèrement pour lui parler faiblement, afin de ne pas risquer de lui créer des maux de tête du fait de l'alcool qu'elle avait avalé.

¤ Tu sais petite... Le plus important, c'est ce en quoi tu crois... La vraie première fois n'est-elle pas celle que tu souhaites? Celle que tu fais par amour? ¤

Kichi tenta de réfléchir à ses paroles. Celle qu'elle souhaitée? Elle n'en savait rien... Peut-être avait-il raison... Mais, il n'était pas à sa place et ne pouvait, en conséquent, juger. Elle était encore terrifiée par cette nuit... Apeurée... Et à présent, chaque fois que la nuit s'imposait, elle se réfugiait chez elle, de peur de rencontrer une quelconque personne dans la rue. De peur que son passé ne se reproduise. La nuit l'effrayait, à présent, et la paralysait. Peut-être que la véritable première fois serait celle qu'elle souhaiterait vivre par amour, certes... Mais la peur semblait être ancrée en elle... Il avait laissé une marque... Une marque qu'elle ne pouvait plus effacer. Elle avait été souillée. Toutes ces pensées noires qu'elle désirait refouler semblaient resurgir, en cet instant, dans son esprit.

Kichi secoua la tête, les larmes au bord des yeux, et s'agrippa à la chemise du barman. Avec tant de force que les jointures de ses mains en devinrent blanches, alors que des larmes coulaient sur ses joues. Et les personnes présentes dans le bar la dévisageaient étrangement. Il était vrai que voir une cliente s'accrocher si désespérément au barman, comme si elle le suppliait de lui servir un autre verre alors qu'il refusait, semblait quelque peu étrange. Ses joues rosirent légèrement, et elle tenta de parler, mais sa gorge se serrait.

Finalement, elle laissa s'échapper un petit soupir et ses bras retombèrent mollement autour de son corps, alors qu'elle gardait la tête baissait, en se concentrant sur un point invisible. Elle devait tenter d'oublier cette nuit, et d'aller de l'avant... Sinon, comment pourrait-elle avancer? Autant s'aventurer sur un chemin glissant avec un bandeau sur les yeux et se dirigeait à tâtons dans le noir, cela revenait au même. Elle devait rentrer et réfléchir à tout cela, mettre ses idées au clair... Elle se releva, avec un petit soupir, en vacillant dangereusement, et s'empara de son sac qui gisait à terre.

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