Oharu était prête à hurler pour qu'on la reçoive. Les contractions se faisaient tellement fortes et rapides qu'elle pensait que le bébé était presque en train de sortir. Elle fut allongée par de petites infirmières sur un lit ; elles la firent rouler jusqu'à la salle propice, où deux médecins l'attendaient.
Ils la mirent dans la bonne position en la faisant légèrement écarter les jambes. Ses joues ruisselaient de larmes ; le moment le plus important de sa vie et son amour n'était pas là. Personne n'était là pour elle, d'ailleurs. Elle se sentait seule, et la douleur s'accentua encore plus. 16 ans, un enfant, adolescente seule qui doit assister à ses cours. Pourquoi n'avait-il pas mis de préservatif ? Pourquoi ne prenait-elle pas la pilule ? L'heure n'était plus aux questions et aux remords, si terribles soient-ils.
Un des médecins, qui se postait devant elle, lui dit de respirer profondément. C'est ce qu'elle fit, elle voulait absolument ce magnifique bébé pour qui elle avait souffert terriblement. Elle était prête, elle le sentait à présent. Le docteur lui dit ensuite de pousse très fort. Elle le fit ; cet 'exercice' fut tellement dur que son visage était à présent trempé de sueur. Elle respirait, puis elle poussait, elle respirait, puis elle poussait... Elle continua ça jusqu'à ce que le médecin aperçoive une tête rose sortir. Folle de joie, Oharu continua de plus belle, elle avait oublié toutes ses souffrances et se concentrait sur le petit être qu'elle venait de mettre au monde.
Quelques minutes après, tout était terminé. Le médecin tenait le bébé dans ses mains, enroulé dans une serviette blanche. Le petit emplit ses poumons d'air pour la première fois de son existence, ce qui provoqua en lui une douleur normale. Il cria et pleura donc, la jeune fille avait les larmes aux yeux. Lorsqu'on lui tendit son petit garçon, elle le serra contre elle et chiala comme une fillette. Elle avait réussi. Son amour n'était pas prématuré ni handicapé, il était en pleine forme.
Elle sortit son sein de sa chemise et allaita son petit : c'était assez dur, la bouche du garçon pinçait son téton et ce n'était pas très agréable. Il but goulument, "bouffé" des yeux par sa mère.
Comment allez-vous l'appeler, ce charmant petit homme fort ? dit un des médecins, attendri par une scène si touchante.
Oharu sourit à l'homme ; elle ne s'était jamais montré aussi reconnaissante envers une personne.
Il s'appellera Kaii. Mon joli petit Kaii.