With hands held high, into a sky so... Dark [PV Shamio]

Roxann marchait. Il faisait presque noir. Dans cette ville aussi peu fréquentable que Tokyo une fois la nuit tombée, il se baladait simplement, les pensées lourdes et hagardes. C'était dangereux, être seul, à cette heure-là.
Et il s'en fout.
Il est très légèrement habillé. Un Levis 501 noir, qui mettait en valeur ses longues et fines jambes, bien trop grandes pour le reste de son corps, et une chemise noir à manches courtes. Il commençait à faire froid, il allait tomber malade.
Et il s'en fout.
Il entendit, comme si cela venait de très très loin, les premiers coups de tonnerre. Un orage se préparait. Il fallait qu'il rentre chez lui au plus vite. Ou bien il serait trempé jusqu'aux os.
Et il s'en fout.
Les Furyôs, les Yakuzas, les Stalker, le froid, la pluie, la foudre, il n'en a rien à foutre. Ces lumières, autour de lui, ces néons, ces enseignes, cette foule qui se presse pour rentrer chez elle, cette agitation, il n'en a rien à foutre. Ces morceaux de vie, pris à l'aveuglette, assemblés, mélangés, perdus, qui se concentrent et qui donnent une ville, il n'en a rien à foutre. Rien ne l'intéresse. Le murmurre opressant qui qui serre le coeur. Tu n'es rien.
Rien, que dalle ! Nada, northing.
Rien. Sigh.
La pluie commença à tomber. Ces gouttes d'eau qui lui tombaient sur ses longs cheveux blancs qui encadraient son visage aux traits fins, il n'en avait rien à foutre non plus. Il s'arrêta de marcher, releva la tête. C'était rafraîchissant. Ca faisait du bien. Il se surprit à sourire, et reprit sa marche. L'autre. Il était redevenu l'autre, celui qui ne riait pas, celui qui ne vivait pas, celui qui se savait orphelin, celui pour qui rien ne comptait d'autre que lui-même, l'égoïste, le froid, le distant. Où était passée sa bonne humeur des derniers jours ? Où était passée sa lourde tendance à engager la conversation et flirter avec n'importe qui ? Où ?
Et merde !
A cet enbranchement, tourner à gauche, puis ensuite, deuxième à droite, prendre le métro, descendre à la troisième station, remonter les marches, tout droit, première à droite, taper le code, entrer, être chez soi.
A l'enbranchement, il tourne à droite, puis ensuite, deuxième à gauche, prend le métro en sens inverse, descend à la septième station, et marche droit devant lui. Droit, tout droit.
Un choc. Il se retourna fugitivement mais continue sa route, sans se soucier de la personne qu'il venait de bousculer.

Il continue de marcher.

***

Tiens, le Pensionnat. Comment a-t-il pu arriver là, en marchant au hasard ? Le destin fait bien les choses, apparemment. Il hausse les épaules, et pousse la porte du hall. Marche tout droit. Un choc. Il se retourne fugitivement, regarde la jeune fille qu'il vient de percuter, s'excuse d'une voix initelligible, et continue de la dévisager de ses grands verrons, sous de longues mèches trempées qui lui collent sur les joues. Ses vêtements lui collent à la peau, il y a plus agréable, comme sensation. Le visage vide, il pense qu'il la connaît. Oui, ils se sont déjà vus, c'est indéniable.

" - Je...

Mais oui ! C'était la fille du Bal ! Celle avec qui il avait bu toute une bouteille de whisky ! C'était il y a quelques jours. Et pourtant, ça paraissait si... loin. Comme une sorte de rêve, ou bien dans une autre vie.
Soudain, Roxann paniqua. Vite, un sourire ! Vite, il ne peut pas rester avec un visage pareil. Il s'était promis d'enterrer définitivement ce qu'il avait été pendant toute ces années.
Il l'avait promis à Tomoyo !!
Et merde.

" - J... Excuse-moi, Shamio.