Celui qui cherchait un toit.

Les lourdes portes de chêne ouvragées pivotèrent lentement vers l’intérieur, brisant le pesant silence d’un grincement désagréable. Une silhouette se dessina dans l’encadrement de bois, encore invisible dans les ombres du bâtiment. L’individu semblait frêle et fragile. De taille moyenne, maigre et sale, un alizé un peu trop brutal semblait pouvoir le déséquilibrer. Il s’avança dans la pièce chauffée et referma les battants de bois sculptés pour se préserver de la morsure du froid. Son visage apparut enfin à la lumière, pâle, encadré d’une cascade de cheveux bruns désordonnés, le regard malicieux d’un vert émeraude, les traits souriants malgré son apparence pitoyable et la lanière d’une guitare lui traversant le torse. Le jeune homme s’avança dans le pensionnat.

Enfin il avait trouvé le refuge tant recherché, enfin sa vie allait trouvé un sens, enfin son avenir se dessinait. Sly commença à sourire franchement, puis son rire devint plus prononcé, franchissant bientôt les frontières de la démence. Il était heureux comme jamais il ne l’avait été. Les ténèbres le quittait peu à peu, remplacées par l’immaculé lumière de l’espoir. Puis vint le doute. Et s’il s’était trompé ? Et si ce qui avait l’air d’un pensionnat était en fait un tout autre établissement non disposé à l’accueillir ? L’angoisse noua soudain l’estomac vide du jeune amnésique, sa confiance en lui envolée.

Il était seul dans l’immense hall, seul avec sa peur, seul avec sa guitare, seul avec sa mémoire défaillante. Il tourna les talons et s’apprêta à quitter la bâtisse quand un bruit de pas derrière lui figea son mouvement.

Euh ... une envie de rien ...

C'est étrange, parfois on se sent bizarre, pas comme d'habitude quoi et puis en faite on se sens que l'on a rien envie de faire. Il fait froid mais le soleil est assez présent en ce jour. Un beau matin d'Octobre malgrè cette température si basse. La jeune fille, sortit de son lit un peu en retard, avait enfilé un pantalon pour la première fois de l'année surmonté d'un long pull qui lui cache le haut des cuisses. Un froid de canard comme auraient dit ses parents ! D'ailleurs, elle n'avait jamais comprit cette phrase ... genre ... comme si les canards avaient froids ! Absurde ... même si en fait elle ne l'avait jamais demandé à un canard ... Mais revenons sur notre jeune fille. Assise sur son lit, elle se questionne ... ne sachant trop que faire en cette journée qui allait lui paraitre si longue comme à l'accoutumé !

-Ah ...

Elle soupire. Et si seulement elle avait une collocataire, ou même une simple personne à qui parler. Une personne qui pourrait lui donner le peu de conseil dont elle a besoin, une personne attentive, avec qui elle pourrait aussi bien rire que travailler ... Un ami parfait quoi ! Malheureusement, ce genre d'humain n'existe pas encore ... La jeune fille tourne la tête vers sa table de nuit et attrape d'un geste négligé son baladeur. Il n'est pas du dernier cri certes ... mais il est bien utile ! Le casque posé sur sa tête, une chanteur un peu "fou" comme dirait sa mère, se met à chanter de façon étrangement forte ce qui ne semble pas géner la jeune fille. Une chanson de son ex surement ... Tant pis, mais heureusement que ses chansons à elle, beaucoup plus douces, se trouvaient sur le lecteur ...

Jas se couche et observe le plafond de sa chambre avant de se relever d'un seul coup ... Sortir ... L'envie lui passe par la tête. Ne prenant pas la peine d'enfiler ses chaussures ou encore une paire de chaussettes et gardant son lecteur, elle sort de sa chambre et descend par les escaliers principaux la mênant ainsi dans le grand hall. Un courant d'air s'infiltre par la porte lorsqu'elle est encore en haut des marches et Jas apperçoit un garçon, une guitare dans le dos à ce qu'elle peut en voir. Continuant son chemin pieds nus, elle remarque qu'il fait demis tour et décide de l'interpeler.

-Excuse moi ...

Dit elle en posant son pied sur la dernière marche. Restant à quelques pas de lui, elle lui sourit et continue toujours sur ce ton calme qu'elle arbore dans la plupart des situations.

-Je peux t'aider peut être ?

L'adolescente se rapproche de lui calmement, enlevant la musique de ses oreilles pour ne pas paraitre impolie en gardant ce petit sourire. Qui était il ? Un nouveau surement ... Elle n'allait surement pas tarder à le savoir ...

Sly fit volte face pour observer la personne venant de l’interpeller. De taille moyenne, menue, les courbes élancées et les formes avantageuses. Le visages souriant autour du quel cascade une longue chevelure blonde, les yeux clairs, enjôleurs, les traits fins et irrésistibles…Bref, une déesse de beauté invitant l’homme à franchir les frontières du péché. Bien que la mémoire de Sly lui jouait des tours, il avait gardé la majeur partie de ses connaissance. Il ne souvenait pas avoir été scolarisé mais possédait tant de savoir qu’il ne doutait pas avoir franchit la porte d’une école un jour. Il savait donc ce qu’était une fille et, comme tout garçon physiologiquement normal, il était envoûté par le charme de la belle.

Une migraine le frappa soudain, telle une immense massue prenant plaisir à lui enfoncer des clous acérés sur le crâne. La douleur fut si violente et soudaine que les jambes de Sly vacillèrent sous lui pour finalement ne plus le porter. Il s’effondra sur le côté, se tenant la tête des deux mains en essayant de crier des mots qui ne voulaient pas sortir de sa bouche grande ouverte. Un filet de sang coula de son oreille gauche, se qui décrocha une grimace douloureuse a l’adolescent. Les larmes lui montèrent au yeux et bientôt, un torrent brûlant inondait ses joues et le sol sur lequel il était étendu.

Puis la douleur s’en alla, aussi soudainement qu’elle était apparut, remplacée par l’image d’une jeune fille envahissant l’esprit de l’amnésique. Grande, élancée, les cheveux clairs et les yeux bleus délavés. Il se revoyait ensuite dans une cours d’école, de nombreux collégiens le frôlait avec indifférence…et elle était là, à quelques décimètres de lui, souriante et visiblement heureuse. Sly observait la scène comme un auteur observe les protagoniste de son récit. Il se voyait discuter joyeusement avec l’adolescente, il entendait leur dialogue…

- Amis pour la vie ?

- Amis pour la vie Carla !

La vision cessa. Sly ne se releva pas tout de suite, analysant ce qui semblait être une partie de son passé. Elle s’appelait Carla, ils avaient jurés une amitié éternelle…qui était-elle ?

L’amnésique sembla soudain retrouver la pleine possession de ses sens et se souvint de l’endroit où il se trouvait. Se redressant rapidement, le visage habituellement pâle devenu écarlate il se fondit en excuse devant la sublime jeune fille, gêné de la scène à laquelle celle-ci venait d’assister.

- Toutes mes excuses, vraiment ! Désolé de vous avoir fait subir ce spectacle.

Changeant rapidement de sujet, Sly s’exclama.

- Vous m’avez demandé si je suis nouveau ?…Et bien oui, si on veut. Je me nomme Sly Arctica et vous ? Et pouvez vous me donner le nom de ce lieu ? Je suis un peu perdu.

Rougissant de sa désinvolture, Sly baissa les yeux, observant avec grande attention ses pieds, attendant la réponse de la pensionnaire.

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