Short Fuse Blues. [liiiiiiiiibreuh !]

Il releva la tête et regarda le pommeau de douche. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Il ferma et rouvrit le robinet d'eau chaude; il n'y eut aucun changement excepté un léger gargouillis venant des canalisations. Une ou deux gouttes s'écoulèrent tout de même et glissèrent sur les cheveux d'un brun terne, presque gris, de Dark. Deux gouttes... Pas de quoi se relever la nuit. Sigh.

" - Mais c'est pas vrai...

Une grande lassitude l'envahit; il ferma son oeil en se massant les paupières. Signe d'agacement grandissant. Il frappa d'un grand coup de poinf contre le mur de faïence blanche, pour la forme, mais ne réussit qu'à se meurtrir les phalanges. Avec un grognement de douleur sourd il sortit de la douche nu et sec et s'enveloppa la taille d'une serviette blanche. Le pagne improvisé lui arrivait jusqu'au creux du genou, il se dit qu'il y aurait de quoi se laver aux douches. Dark traversa sa chambre en traînant des pieds et ouvrit la porte. Il s'arrêta sur le palier et fit volte-face pour aller prendre son bandeau blanc qui reposait tranquillement sur la table de chevet, bandeau dont il ceignit sa tête et qui servait à dissimuler son orbite droite, creuse. En fermant la porte, il pensa brièvement qu'il lui fallait peut-être s'habiller. Il sentait déjà sur lui quelques regards curieux ou moqueurs.

Mon Dieu, ce qu'il en avait rien à foutre. Que les autres moutons de panurge aillent se faire voir.
Avec le regard inexpressivement triste (HJ : oh my god !, je paradoxe sans m'en rendre compte... xD) de ceux qui ont grandi trop vite, il retira la clé de la serrure et s'en alla parcourir le Pensionnat de large en long.
A moitié nu.

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Il était tard, il ne s'en était pas apperçu tout de suite. Dans les sanitaires du pensionnat reignait un calme relatif et un silence entrecoupé du bruissement des douches.
Baignant dans la vapeur et l'eau brûlante, les yeux - ou plutôt l'oeil - fermés et les cheveux mi-longs voilant ses traits, Dark se laissait aller à une douce rêverie si agréable. Si rassurante.

Il était si facile de fuir. Si euphorisant de s'imaginer heureux, menant une vie simple et sans fioritures. Elle l'aimait en retour, ils étaient heureux, formaient un couple stable et harmonieux. Il trouvait une raison à laquelle s'accrocher, dépensait ses millions intelligemment. Et puis, le mariage et le premier enfant; c'était une petite fille. Et puis...

Il se réveilla au moment où il allait se laisser glisser dans l'eau brûlante. Dark cligna des yeux deux ou trois fois avant de se souvenir où il se trouvait.

Et merde.
C'était un rêve.

Yukie marchait à pas lents dans les couloirs. Ses yeux, de ce noir humide et pétillant, avaient beau fixer les visages qu'elle croisait, elle n'en connaissait aucun. Qu'étaient ils donc tous devenus ? Tous ses amis semblaient avoir disparus. C'était comme si elle s'était endormie pendant longtemps, très longtemps, et qu'à son réveil, tout avait changé.
Oui, cela y ressemblait. Comme si elle était morte sans s'en appercevoir.
Elle avait d'ailleur l'attitude d'un spectre; discrète, silencieuse, rêveuse, se déplaçant sans bruit et errant sans but. Quant à son apparence, elle avait toujours eu ce teint de lune, presque cadavérique... Alors, un peu plus ou un peu moins, quelle en était l'importance ?
La jeune fille tenait d'une main un peu crispée ses affaires de douche. Elle avait attendu que l'heure de pointe se termine, cette heure où tout le monde se presse aux sanitaires pour être le premier à profiter de l'eau chaude.
Soudain, au détour d'un couloir, des rires, le bruit reconaissable entre tous de la rumeur qui court.
Yukie tendit l'oreille, puis sourcilla.
Un type en serviette traversait le pensionnat ? La jeune fille, voulant vérifier ce bruit stupide, accéléra le pas, faisant claquer ses talons sur le carelage des couloirs.
Enfin, au détour d'un corridor, elle l'apperçut.
C'était donc vrai. Elle ne rit pas, trop troublée pour cela. Ce qui la frappa, c'était qu'elle connaissait cette silhouette.
Haussant les sourcils, marmonant quelques mots incompréhensibles, elle essaya de se frayer un passage au milieu de la masse d'élèves qui regardait le spectacle, goguenards.
Enfin, elle atteignit la salle des douches, à bout de souffle, en ayant à peine réussi à le rattraper.
Le carelage d'un blanc rappellant de manière désagréable l'hôpital était détrempé et glissant. Les néons éclairaient la pièce de cette lumière artificielle et presque iréelle.
Il était tard, et peu de personnes trainaient encore à la douche.
Le coeur de Yukie battait la chamade dans la poitrine, un espoir fou venait de naitre.
C'était vraiment lui ?
Oh pitié, que ça soit lui, qu'il y ait un peu de justice en ce bas monde, un peu de réconfort !
Dans le secret de son âme résonnait le même souhait, et jamais une prière ne fut entonnée avec autant de ferveur.
Le souffle court, la gorge nouée, l'angoisse au ventre, la folie l'emprisonnant dans son carcan d'acier, elle frappa un léger coup à la porte de la cabine où elle avait cru le voir entrer.
La voix enrouée, comme coincée au fond de sa gorge, un peu rauque, elle appella :

"Dark ?"

Il y avait dans cette intonnation comme un reste, un reflet de sa voix normale, chantante, mélodieuse et pétillante de malice.
Si il ne la reconnaissait pas, si il ignorait, que ferait elle ?
Sans doute s'enfuirait elle, comme à son habitude, à la manière d'un animal blessé, et elle irait baigner ses blessures de ses larmes.
Mais elle n'en était pas là. Seul l'instant présent comptait. Etait ce vraiment lui, derrière cette simple paroi de plâtre et de carelage ?
Si ce n'était pas lui, ce serait l'humiliation assurée.
Mais, je vous en supplie, que ce soit lui ! Qu'il ouvre la porte et qu'encore une fois il prononce son nom !
Son coeur résonnait dans sa cage toracique comme dans une grosse caisse. En cet instant elle était prête à exploser. Tout en elle se bousculait. Une envie de rire, de pleurer, de crier. Elle avait peur, mais avait trop chaud, avait envie de le voir.
La rancoeur de l'avoir vu disparaitre sans donner de nouvelle se bataillait furieusement avec l'envie tourbillonante d'entendre sa voix.
Enfin, elle ferma les yeux, et les boyaux tordus d'angoisse, attendit une quelconque réponse.

[hrp: hmm désolée c'est pas terrible XD]

Peu à peu, Dark émergea d'une sorte de torpeur agréable. 'eau brûlante et sa vapeur capiteuse anésthésiaient les sens; une ou deux fois il se sentit glisser dans le sommeil.
En s'appuyant sur un rocher qui émergeait du liquide paisible, Dark secoua la tête et vit voler ses longs cheveux ternes, entre le blond foncé et le châtain qui retombèrent en encadrant l'ovale d'un visage tiré et amer aux traits fins voire féminins. Nu, il se regarda dans un des grands miroirs qui ornaient les murs en bois. Il avait maigri. Ses membres avaient une apparence fine et presque gracile. Dark se noua la taille d'une serviette blanche et jeta un auter coup d'oeil à la glace. Il avait pâli, aussi, son oeil gris foncés tournait au noir, contrastant avec sa peau laiteuse. Cependant, il trouvait que ces changements physiques lui allaient très bien, il ne se trouvait pas tellement enlaidi. Il aimait bien son visage ainsi, barré par le bandeau noir qui couvrait son oeil gauche. Il paraissait beaucoup plus vieux. En dévisageant son reflet il avait du mal à se convaincre qu'il n'avait que 17 ans.

" - J'ai 17 ans, j'ai 17 ans, j'ai..."

Dark s'arrêta net. Il lui avait semblé que quelqu'un l'appelait, un moment. Il resta quelques secondes silencieux, regardant vers la sortie du grand Rotenburô. Le silence seul lui répondit cependant il était certain de ne pas avoir rêvé. L'écho de cette voix provoquait en lui un étrange sentiment de malaise et d'euphorie mêlés. A l'instant de doute succéda celui de la certitude. Oui, quelqu'un l'avait bel et bien appelé.
Et il connaissait ce quelqu'un.
Fiévreusement, Dark courut vers la sortie du Rotenburô. Il écarta violemment les panneaux en bois de cerisier et se retrouva devant le pédiluve. Derrière le petit bassin, une porte semblait le narguer. Il hésita quelques secondes avant de franchir le pédiluve. Il saisit la poignée et ouvrit la porte.

Un torrent d'émotions, de sentiments et ressentiments le submergea. Couvrant la confusion de son esprit enfievré et malade, un nom, deux simples syllabes raisonnaient dans le vide.

" - Yukie ?

Oui, c'était bien Yukie.
Il n'arriva pas à faire le tri dans tout ce qui déferlait en lui. Il tituba un peu et s'appuya contre le chambranle de la porte. Comme s'il n'y croyait pas, il la dévisagea une nouvelle fois.
Oui, c'était bien Yukie.
Cette peau si blanche et ces yeux si tristes et amers comme les siens, cette manière de se tenir, de le dévisager, avec ce regard qu'il savait qu'elle ne dédiait à personne d'autre. Là-haut à gauche, dans la poitrine, ça tambourinnait fort. Hypnotisé, il vit sa main se lever et le bout de ses doigts effleurer sa peau douce et ses lèvres rose pâle, ses cheveux bruns courts, la courbe délicate du cou et la ligne des épaules. Abasourdi, il prit la main de la jeune fille dans la sienne et l'entraîna dans la pièce du grand bain brûlant. Il n'osait pas la regarder, pas en face. Il lâcha sa main, s'éloigna de quelques pas.

Sa voix lui parut blême.

" - Je suis désolé...

Yukie, tremblante, sentie ses jambes devenir du coton lorsqu'elle entendit un bruit de pas précipités. Elle allait tomber, ses jambes ne la supportaient plus. Elle était devenue une poupée de chiffon, donc la seule chose encore animée était ce coeur qui cherchait à tout prix à s'échapper de sa poitrine, comme un oiseau furieux cherche la liberté.
Et puis, la porte coulissa, il apparu.
Les mains moites, plus pâle que jamais, les yeux embués, elle restait immobile, le regardant juste, buvant son image.
Il avait changé. Il semblait plus vieux. Etait ce vraiment lui ? Ce bandeau sur l'oeil gauche, il n'y était pas avant.
Le doute persista, intenable. Elle s'apprêtait déjà à faire demi tour, à s'excuser avec des centaines de formules de politesse, à rougir violement.
Et puis, soudainement, la pression se relâcha, d'un coup. Ou plutôt, d'une seule parole.
Elle avait hésité, jusqu'a ce qu'il prononce son nom.
Lui seul prononçait ainsi les deux syllabes franches et un peu claquantes, avec le troisième son, le "é" en écho, en diapason, à peine soufflé.
La jeune fille leva ses grands yeux noirs, cette couleur intense et liquide qui semblait vouloir couler au delà de l'iris.
D'un geste un peu tremblant, elle tendit vaguement les doigts pour caresser ce visage qui la hantait depuis cette nuit d'orage. Toutefois elle n'alla pas jusqu'au bout, se ravisant au dernier moment, plaquant ses doigts pâles contre son propre visage, à la manière d'une enfant prise en faute.

Et tout s'accéléra. Comme dans un rêve, il lui saisit la main, et l'entraîna dans le Rotenburo. Un peu surprise, elle se laissa entrainer, ne pensant à rien, seul l'image de Dark comptait. Puis, il lâcha sa main, et elle ne tenta même pas de retenir les doigts graciles du jeune homme.
Yukie le regarda s'éloigner de quelques pas. Elle, elle restait là, les bras ballants. Mais en elle bouillait un tourbillon d'émotions toutes plus violentes que les autres.
Il se tourna vers elle, et prononça quelques mots.
La phrase mit un instant à trouver son chemin au milieu des brumes de son esprit.
Pourquoi ? Pourquoi être désolé ? A cause d'un passé qui ne compte déjà plus ? Ce qui comptait, ce n'était pas non plus le futur, car il n'existe pas encore. Non, une seule chose, une unique petite chose comptait, futile et extraordinairement ephémère : le présent, cet instant présent qu'il fallait faire le plus beau possible pour s'en rappeller toujours.

Alors, obéissant à une seule pulsion, elle s'approcha du jeune homme, lâchant toutes ses affaires par terre, et se blottit contre lui. Yukie était plus petite que lui. Ainsi, la tête contre sa poitrine, elle pouvait entendre son coeur battre. Une seule envie la régissait à présent et guidait son être : serrer Dark de toutes ses forces contre elle, afin qu'il ne disparaisse pas... Pas encore. Pas cette fois.

La voix enrouée comme si elle n'avait pas prononcé le moindre mot depuis des mois, entourant de ses bras maigres le buste guère plus charnu (XD) de Dark, elle souffla :

"...C'est pas grave. Ca ne compte plus. Plus rien ne compte. Sauf toi."

Elle voulait toucher sa peau chaude , entendre sa voix, sentir son souffle, gouter son parfum, entendre les battements de son coeur, voir son visage.
Une larme coula sur sa joue, une seule. Avec elle coula tout son chagrin, toute sa douleur.
Enfin, elle se décolla un peu. Elle leva ses grands yeux vers lui, et eut un pâle sourire, fugace mais doux.

"Je suis contente... Tu es revenu. Je t'ai attendu si longtemps, tu sais ?."

Sa voix était claire, un peu grave tout de même.

Pendant ce temps, elle n'avait pus l'oublier, ne vivant que dans son souvenir. Et maintenant elle revivait dans le monde présent. Il n'y avait que lui pour accomplir un tel miracle.

[hrp: ouaiin j'ai honte TT c'est pas bien ce que j'écriiiiis et c'est tout court TT]

[mais naaaaaan ! Le but, c'est pas la longueur, c'est ce que tu dis dedans ! ^^ En plus, je vais pas pouvoir faire long moi nan plus, il commence à faire tard... ]

Du coin de l'oeil, Dark surveillait la réaction de Yukie dans le même miroir qu'il contemplait il y avait de cela quelques minutes, même si ça lui paraissait des siècles. Puis il se passa la main sur les paupières et soupira. Sa tête lui faisait mal. Tout ces souvenirs qui s'imposaient sans crier gare, cette chaleur à l'intérieur de son corps, ce sentiment si fort et si faible, cette impression d'être tout, tout en ne demeurant rien... C'était plus qu'il ne pouvait exprimer en simples mots. Beaucoup, beaucoup plus.
Impossible de faire taire ces voix qui criaient en lui.

Dark se retourna vers la jeune fille; il eut tout juste le temps d'ouvrir les bras pour l'accueillir. Le corps chaud de Yukie se pressa contre lui avec une sorte de passion, de besoin de le sentir contre elle. Il s'abandonna volontiers entièrement à l'étreinte, enfouissant son visage dans les cheveux de Yukie, embrassant son cou à la peau si diaphane. Il sentit ses membres brûler de désir. Plus rien ne comptait.
Sauf elle.
Il sentit l'étreinte se désserrer et Yukie se reculer un peu. Elle l'avait attendu, lui dit-elle. Si longtemps. Son sourire, diffus et doux plongea Dark dans une folie douce. L'amour était dangereux.

" - Arrête, tu vas me faire culpabiliser...

Sa voix était un peu embarassée et amusée. Il était gêné d'avoir causé une telle souffrance. D'autant plus que cette séparation n'avait pas été un cadeau pour lui non plus. Dark soupira et se surprit à sourire à Yukie. La vie ne serait plus comme avant, désormais. Il en était certain.
Dark détacha la serviette qui ceignait sa taille et retourna dans l'eau. Il goûta cette sensation avec un plaisir nouveau, des sens neufs. Il s'appuya contre une pierre du rebord, et dit à Yukie :

" - Alors raconte-moi... Mais d'abord, viens te baigner aussi, c'est très agréable.

Non, la vie ne serait plus pareille.

[arf, désolé, je dois y aller ! Pas le temps de faire long... ^^]

[mais si déjà ce que j'écris à l'intérieur me plait pas euuu ? TT XD]

Il y avait un Avant. Et un Après.
Avant, elle était morne, réservée, renfermée, se sentant vide et triste. Son esprit flottait ailleurs, au dessus d'elle, mais non en elle, pas dans son coeur. Il y avait, Avant, ce moment de flottement, où la mélancolie était le véritable sentiment qu'elle éprouvait. Et elle arborait toujours ce petit sourire triste quand elle croisait d'autres étudiants.

Et puis il y avait Après, ou plutôt, Maintenant.
Maintenant, tout était intense. Les couleurs semblaient plus vives, les sons plus présents.
Et puis il y avait ce picotement dans un coin de ses entrailles, le souffle si chaud qui lui gonflait la poitrine. La joie.
Un sourire illumina son visage.
Elle répondit, presque sur un ton d'excuse. Presque.

"Ce n'était pas le but."

Elle laissa la fin de sa phrase en suspens, comme si elle allait ajoutter quelque chose. Un remarque, une phrase. Un mot, peut être ?
Mais rien de tout cela.
Ses yeux parlaient pour elle même. L'expression de son regard, doux, calme, et troublé à la fois, suffisait à tout un discours.
Il lui sourit. Le coeur léger, ses lèvres roses s'étirèrent à leur tour dans un charmant sourire.

La jeune fille se souvint que la première fois qu'elle l'avait rencontré, elle avait demandé naïvement si il était un ange. Un ange, parce que le fait de l'avoir "croisé" -appellons cela comme ça- il avait fait disparaitre tous ses soucis.
Encore cette fois, Yukie pouvait croire à de la magie. Tout semblait renouvelé, par le simple fait de sa présence.

Dark défit sa serviette et l'invita à rentrer dans l'eau chaude. Ses joues d'un ordinaire si pâle se colorèrent d'un rose délicat.
Chaleur, bonheur ou pudeur ? Peut être les trois à la fois ?

Sans autres formes de procès, elle se dévêti à son tour, baissant cependant la tête; avant de rejoindre Dark.
Dans l'eau bouillante, elle le regarde, sans sourire, mais le visage rieur.
Enfin, un sourire apparait.

"Raconter ?... Raconter quoi ?"

Le visage de Dark semble iréel, altéré par les nuages de vapeur qui flottent tout autour d'eux. Elle a tellement peur qu'il s'évanouisse encore une fois, disparaisse à jamais.
Alors, elle tend une main, et du bout des doigts, touche ce visage aux traits si fins qu'on dirait une fille.
Il est bien là.
Elle se sent plus légère. Ainsi, c'est cela qu'on appelle , "être sur un petit nuage " ? Une expression plutôt bien trouvée.
Enfin, elle brise le semi-silence :

"Quand tu as...disparu.."
Elle choisissait ses mots avec prudence, presque maladroite. Elle reprit :[/i]

"Je suis repartie voir mon père pendant quelques semaines. Je me suis disputée avec lui, donc je suis revenue..."

Elle lève le regard vers lui, et, pour alléger l'atmosphère un peu étrange, ajouta :

"Palpitant, hein ?"

Ne résistant pas, elle s'approche de Dark, dans un bruissement d'eau. Elle pose doucement ses lèvres roses dans son cou, légères, fugace.
Près de lui, tout semble être plus doux. Si elle pouvait, oh si seulement, pouvait rester longtemps près de lui, mieux encore, à jamais.
Elle commence à comprendre ce qui lui est arrivée, pourquoi elle a tant besoin de lui.
Parce qu'elle est fragile, gracile, qu'elle a besoin de sa présence, de son odeur, de sa chaleur, de ses mains fines de musicien pour se sentir forte et complète.
Un petit sourire tendre est imprimé sur ses lèvres, elle ne s'éloigne pas, reste là.
Elle attend. Quoi ? ...Aucune idée. C'est vraiment important ? Sans doute pas.
Enfin, sa voix s'élève à nouveau dans l'espace intime du Rotenburo.

" Et toi ?"