Immortaliser l'éphémère... [Pv]

L’enfermement n’était pas l’envie qu’avait à cet instant un certains nouveau pensionnaire du centre pour qui l’arrivé fut fructueuse. Il avait pu rencontrer une charmante demoiselle lui ayant indiqué son chemin après avoir débarqué, pauvre ignorant, dans le hall. Par la suite, il avait dû monter quatre valises bien remplies et chargées jusqu’à sa chambre où il avait tout balancé sur son lit. Ici, il n’y avait pas de colocataires à ce qu’il a pu comprendre ou bien si on le désiré… Puisque les chambres comprenaient deux lits.

Assit sur son lit, il se demandait ce qu’il allait faire. En pensant un œil de dédain sur ses valises il soupira en sentant l’ennui venir. Seulement l’ennui oblige l’homme à réfléchir et quand il réfléchit il se rappel qu’il existe. C’est bien la dernière des choses dont l’eurasiate avait envi. Mais il n’avait pas envi non plus de faire l’automate en rangeant toutes ses affaires, déjà trop nombreuses… et puis il avait trop la flemme. Oui il était bien dans cette école mais étrangement il n’était pas excité à débuter. Non, en fait il avait envi de voir du paysage, de découvrir les lieux alentours. Bref, il avait besoin de s’aérer.

La pluie avait cessée dans le pensionnat, déjà une heure qu’il était là.
Problème : il ne connaissait rien des alentours dont il était impatient de découvrir. Fouillant dans son bi-sac, il attrapa la brochure de l’école que son père lui avait sempiternellement offert. Heureusement, comme chaque brochure elle vantait les ‘bonnes choses’ dont une qui lui tapa à l’œil : la forêt. Petit sourire sur son faciès, il bondit de son lit qu’il pouvait dorénavant attribuer cet adjectif possessif pour un an et fureta indistinctement le dehors par sa fenêtre de verre plexiglas. Parfait ! La forêt ne semblait pas très loin d’ici.

C’était la ballade idéale pour se ressourcer, découvrir et animer son esprit surtout après la pluie. Pourtant fils de bourgeois, il adorait marcher dans la boue de l’éternel terre trempée de pluie. C’était son dada que de sentir le clopinements de cette bouillas s’écartelait sous ses chaussures bien souvent de marque comme cette fois ci. Peut importe, c’était la terre qui vivait, le cycle de l’eau qui s’infiltrer pour remonter en ruissellement jusqu’au rivières qui partiront se déverser dans l’océan qui s’évaporera pour de la condensation… etc., etc. L’eurasiate était un amoureux de la nature. La pluie était la genèse de la terre…

Pour la seconde fois de la journée il traversa le hall en y prenant toujours aussi attention que la première fois. Il sortit donc comme un déraillé de la bâtisse et s’arrêta un instant pour respirer la douce odeur de l’air. Les autres devaient les prendre pour un fou sortit d’asile et qui venait se reconvertir en élève, peut importe. Il traversa les escalier empruntaient quelques temps avant et admira de loin l’architecture. Décidemment celle-ci ne lui fera jamais effet hormis pour le faire frissonner. Ce gris sombre n’allait pas avec l’esprit des gens qui jusqu’à là parurent sympathique.

Enfin bref, il regarda de loin les arbres de cette dite forêt et avança droit devant lui. En souriant d’un air béa finalement heureux de son sort et convaincu qu’il n’avait pas fait le mauvais choix. Il ne devait quand même pas cacher que déjà l’odeur de l’encens de l’Okiya de la renarde, le doux regard des geishas, les personnalités costumées, son luxe et son confort lui manquaient. Mais maintenant il devait grandir et chasser son manque et ses peurs d’enfants pour devenir ‘un homme’, un adulte. Chose qu’il avait toujours réfuté.
A ses yeux, l’enfant ne peut pas parler car il ne connaît rien encore de la vie. L’adolescent, lui parle, mais on ne l’écoute pas car on préfère coller l’étiquette du rebelle de la société. Finalement, l’adulte sait mais préfère se taire et mentir, se cacher la vérité pour on ne sait quelles raisons. Malheureusement c’était le cas de tout le monde, et en appréhendant, le Keiji se doutait bien que même en ayant conscience de ce phénomène il finira par être ainsi : se taire encore.

Arrivé à la lisière de la forêt, il sortit un appareil photo Nikon Coolpix 8500 et photographia la forêt puisqu’il était seul. Il prit plusieurs clichés ainsi et fut fier de son travail. Encore un cadeau de son père au détriment de sa mère qui trouvait la technologie destructrice de civilisation et de tradition. Mais l’eurasiate était moderne et traditionnel à la fois, il n’était pas compliqué comme garçon et aimait simplement tout tant qu’il en trouvait un bien fait. La photographie était particulièrement une passion chez lui : immortaliser un moment éphémère était pour lui inouïe et magnifique. Dans cette carte mémoire de 4 Go se trouvait les photos de Geisha, de sa famille, de lui-même : tout ce qu’il pu photographier avant son départ, tout ce qui allait lui manquer. Il y avait également son serpent !

Ah ! Son serpent Naja il ne l’avait pas oublié celui-ci. D’ailleurs à l’instant où il était entrain de photographier la forêt, le serpent de tenait encerclait à demi arc sur les épaules de son dresseur. Certains c’était reculé face à la bête pourtant inoffensive. Le reptile se nommait Igashu ce qui signifiait l’aventurier des terres. Le nom signifiait donc tout : Igashu était un petit volatile du sol qui adorait sortir comme son maître qui pour l’occasion l’avait laissé s’aérer aussi. La forêt et son climat étaient effectivement idéals aujourd’hui pour la journée. Avec un petit peu de chance, Igashu trouvera une sourie pour déjeuner à sa guise.

Le serpent du jeune Keiji est appelé communément ‘cobra d’Egypte’ ou bien Walterinnesia aegyptia. Les cobras font partie de la grande famille des Elapidés qui comptent les serpents les plus venimeux. Leur venin est extrêmement actif et agit sur le système nerveux. Il a une action neurotoxique. Leurs crochets venimeux sont gros et situés en avant de la mâchoire supérieure. Heureusement Igashu fut opéré dans l’intention de retirer son venir ainsi que ses crocs dû à des morsures possibles mais surtout mortelles... Les cobras sont rapides et élancés. Pour intimider leur ennemi, ils dressent la partie antérieure de leur corps. Cette opération spectaculaire est obtenue en écartant leurs côtes. Leurs côtes cervicales qu’ils écartent les font paraître plus gros. Gueule ouverte, ils émettent un souffle puis frappent Sa longueur moyenne est de 2 m mais il peut dépasser les 2,40 m de long. Igashu mesure 2,10 mètre et a terminé sa croissance. Sa couleur est noire dorée, couleur favorite d’un certain eurasiatique qui voit en cela bon et mal, le nocturne et la luxure.

Avançant vers le cœur de la forêt, Keiji caressait la coiffe de son favori serpent et admirait la grandeur des arbres. Cela lui faisait rappeler l’air familier de sa lointaine campagne. L’odeur, la flore… Tout était beau, rayonnant et humide à la fois.
S’installant finalement sur un rocher, il libéré Igashu de son entreprise pour qu’il aille se ressourcer en se lovant autour d’un arbre attendant la proie tel le prédateur alarmé. Quand au garçon il se contenta de continuer ses photographies auquel il se fera le plaisir de retravailler ce soir, dans sa chambre.

Les clichés défilaient par eux-mêmes. Pour Keiji c’était l’instant de symbiose entre Nature et Homme. Ce dernier désire un but depuis que le monde est monde : l’immortalité. La photographie le fascine car ce qu’il ne peut voir que pendant une macro seconde peut être admiré des dizaines d’années à travers une image représentative de la réalité. C’est ainsi que Keiji savourait ces moments de délices entre les arbres et lui-même grâce à un appareil numérique. Il savait qu’il pourrait revoir encore cette forêt, mais chaque jour elle sera différente, chaque saison la rendra plus sobre ou plus fleurissante. Les couleurs du jour par rapport au temps, l’humidité, les racines mortes et autres seront toujours différentes. Se sera toujours une intégrale beauté inconditionnelle, aujourd’hui il voulait immortaliser cette exclusive éclat. Son premier pas dans cette forêt qu’il sentait déjà être un lieu unique.

La photographie avait toujours été objet de contemplation chez l’enfant Keiji quand il n’avait encore que huit ans. Le Japon est pro numérique et même dans les campagnes rebroussées, la technologie vient à eux. C’est ainsi que le père de Keiji avait eu cet objet longtemps contempler par l’eurasiate : un appareil numérique. Seulement : interdiction de le toucher. Mais l’intuition, la ruse et la malice dont faisait preuve le jeune enfant était plus fort que l’interdit. C’est pourquoi a de nombreuse reprises, Keiji put s’amuser avec ‘ce jouet’, bien sur c’était de la curiosité, toujours il effacé ses clichés. Jusqu’au jour où son père en vit un. La réaction fut totalement contraire à ce que maudissait déjà Keiji. Son père se ramena le lendemain, toujours silencieux et offrir un personnel engin photographique à Keiji qui fut à ce jour, l’enfant le plus heureux du monde !

Enfin bref. En photographiant il admirait les alentours qui lui était encore inconnu. L’inconnu, seul face à lui, l’eurasiate le croquait ! Il aimait se retrouver dans ses filets à se débattre pour le déjouer par l’intelligence et la connaissance. Quoi que les forêts furent longtemps un champs d’expérience car si Keiji a de nombreuses qualités, les défauts sont particulièrement notables également, dont un : le sens d’orientation qui manque cruellement au débutant qui comptait bien se perfectionner dans cette dite forêt.
Son serpent sifflait. Gné ? Il n’y fit point attention, jusqu’à ce qu’un bruit le fasse retourner vivement et pour conséquence lui fit rater sa prise. Prêt à rager contre Igashu il se retourna de façon virulente mais à quelques peu de mètres de lui se trouvait un jeune garçon, de son âge peut être, il n’en savait pas plus. Une chose notable : il était cruellement terrifié en direction d’Igashu qui sifflait à la vue de l’étranger.

Keiji ne l’avait pas entendu arrivé, sûrement silencieusement. Mais lui, d’une part était trop porté dans ses clichés et par ailleurs il était trop pensif aussi… Keiji s’aventura dans la pensée qu’il était heureux de pouvoir partager un moment de découverte avec en plus une personne qu’il ne connaissait pas ! Situation excitante si encore le serpent n’aurait pas été là pour faire son petit spectacle. Keiji se leva donc et pour assurer les arrières de l’inconnu, il attrapa délicatement le serpent qui docilement se laissa rentrer dans le mini vivarium.

« Désolé de cette brusque rencontre. C’est mon serpent Igashu, ce n’était que de la méfiance il n’est pas et ne peut pas être agressif pour la raison qu’il est inoffensif. Il n’encercle que quand son maître est menacé… »

Il s’arrêta là pensant qu’il parlait un peu trop et que peut être le jeune homme aurait besoin d’un temps de rétablissement. A voir sa mine blanche il avait du vivre une mauvaise expérience avec ce type d’animal qui pourtant peut paraître aussi gentil qu’un minet une fois qu’on sait s’en occuper.
N’étant pas très assuré point de vue consolation, il préféra baisser la tête pour ranger son matériel. Bien que le ton affirmatif et convaincant qu’avait employé Keiji était compatissant envers ce contact, il se doutait qu’il devrait peut être reprendre son souffle.

En le regardant discrètement, Keiji pu détailler un garçon japonais, aux cheveux mi-long noir ébènes, traits fins et yeux indistincts encore. Une peau lisse, et fine. Bref…
Il rangea alors le tout dans son sac et se redressa sur son rocher.

« J’étais venu découvrir la forêt, étant nouveau et j’en ai profité pour faire quelques clichés.
Moi c’est Keiji Satake et toi ? »

Yuki était toujours figé à la vue de ce serpent qui semblait s'exciter encore plus en le voyant...Et le jeune homme à côté de lui ne semblait pas s'en soucier, du moins pas avant quelques secondes. Yuki osa à nouveau respirer lorsqu'il vit le serpent être placé dans un petit vivarium, il se sentait infiniment soulagé et même si ce reptile était inoffensif, cela ne l'empêchait pas d'avoir une peur panique de ces animaux, et pour cause...
Il resta planté là encore quelques instants, le temps de reprendre ses esprits et d'examiner cet inconnu. Il avait les cheveux noirs, la peau assez pâle et il était plus grand que lui...Enfin bref!
Le jeune homme se détendit un peu plus lorsque ce photographe en herbe se mit à lui parler en s'excusant de ce qui venait de se passer et en lui expliquant qu'il n'avait rien à craindre du serpent. Ce qui ne l'empêchait pas de toujours éprouver cette appréhension...
Il osa enfin bouger et s'approcha de l'inconnu. Il n'était pas très enthousiaste à l'idée de se trouver aussi près d'un serpent, mais ce dernier était dans son vivarium, il n'avait donc plus aucune raison d'avoir peur. Il esquissa un petit sourire entre l'excuse et l'embarras, c'est vrai, il se sentait plutôt bête, mais on ne contrôle pas certaines réactions...

"C'est moi qui suis désolé, ma réaction était vraiment...enfin...disons que j'ai une peur panique des serpents depuis que j'ai failli mourir étouffé par un boa...Mais passons, je n'ai pas envie de t'ennuyer avec mes histoires et je n'avais pas l'intention de te déranger..."

Il jeta un regard anxieux vers le petit vivarium dans lequel se trouvait le serpent avant de porter à nouveau son regard sur l'inconnu. Il fallait à tout prix qu'il fasse abstraction de ce reptile!

"Je suis Yuki Toyama, enchanté de faire ta connaissance! Tu es nouveau? Parce que je ne pense pas t'avoir déjà vu auparavant..."

Encore cette question débile...Evidemment qu'il était nouveau! Enfin bref, c'était trop tard maintenant de toute façon! Et puis pourquoi il s'en faisait pour une simple question, aussi stupide soit-elle?
Il leva la tête le temps de quelques secondes et observa un petit écureuil qui se promenait sur une branche en leur jetant des regards curieux de temps en temps. Le silence s'était installé le temps de quelques instants...Il porta à nouveau son regard sur le dénommé Keiji et lui adressa un petit sourire un peu plus détendu cette fois...

"J'aime beaucoup cet endroit...Je viens souvent pour trouver un peu de calme, pour réfléchir...A force je vais connaître cette forêt comme ma poche!"

Façon de parler bien sûr...la forêt était immense et quand il venait, Yuki se rendait souvent aux mêmes endroits pour ne pas risquer se perdre vu son superbe sens de l'orientation...

"Tu es photographe à tes heures perdues? Je...je peux voir?"