C'est la fin ?? Déjà ? Déjà... [PV]

Ils n'avaient vraiment rien dans le crâne, c'était indéniable. Peut-être avaient-ils cru qu'une chaîne pourrait lui résister, qui sait ? Le seul problème, c'est que la prothèse métallique qui faisait office de bras droit à Daidara possédait une puissance surhumaine. Après un ultime effort, la chaîne céda. Affaibli, le jeune homme se laissa glisser de sa chaise jusqu'au sol dur et froid, où il resta immobile. Il n'en pouvait plus. Trop de sang avait coulé de cette vilaine blessure au flan gauche. Pas mortelle, mais presque. Il s'y connaissait assez pour diagnostiquer qu'il ne lui restait plus très longtemps à vivre. Il s'était fait avoir comme un débutant.

***

22h33, précisément. En sifflotant, une silhouette grande et fine, vêtue d'une chemise noire et d'un pantalon de la même couleur, mais dans les poches, marche tranquillement dans les rues sombres de la capitale japonaise, après avoir quitté un Dôjo où il avait donné quelques entraînements. D'habitude, Daidara n'empruntait jamais ce chemin, qui n'était jamais très sûr, mais cette fois, il était pressé. Il fallait qu'il retrouve Haku pour lui donner enfin ce qu'il avait à lui donner, et Jas devait l'attendre au Pensionnat. A la pensée de la jeune fille, le visage de Dai sembla s'éclairer, et un sourire de bonheur pur étira les coins de ses lèvres.
Le silence était total aux alentours, et il n'avait pas encore eu affaire à une seule bande de furyôs soucieux de le détrousser de son argent. la nuit était plutôt agréable, et la vigilance de Dai s'endormit. Grave erreur.
Il s'arrêta à l'extrémité d'une petite ruelle sombre( qui débouchait sur une rue plus importante et bien éclairée ), et s'accroupit pour refaire son lacet. Un léger détail attira son attention. Au sol, il distinguait un tout petit point rouge, émis par un laser. Lentement, le petit point remonta vers lui, sur sa jambe. Lent à la détente, Daidara réalisa alors.

*M****!!!!!!!!!!*

Il n'y eut qu'un réflexe fulgurant qui le sauva. Ses deux jambes se détendirent avec une rapidité surprenante, et le jeune homme effectua un flip arrière. De l'autre côté de la rue, en hauteur, il y eut une détonation etouffée, et il sentit quelque chose lui frôler la hanche.

*Un sniper... Bon sang !*

Il n'aurait jamais du baisser sa garde. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, la rue fut pleine de Yakuzas, armés de sabres, ou autres assimilés tranchants et dangereux. A peu près 30 ou 40. L'attitude de Daidara était franchement négligente. Les mains dans les poches, il se contenta de les toiser, avant de lancer avec un rire sardonique :

" - Alors, c'est tout? Qu'est-ce que vous attendez ? Vous devez m'en vouloir parce que je suis des Midnight Angels, c'est ça??

Pas de réponse... L'air semblait s'être épaissi, et la tension montait assez sensiblement.

" - Bon, je prends ça pour un oui...

Malgré son assurance de surface, Dai était tendu. Il avait énormément baisseé de niveau, avec sa manie de ne pas vouloir s'entraîner et vouloir arrêter de se battre. PAssant de l'immobilité à l'action en un mouvement souple et très rapide, il s'élança vers son premuier adversaire, les prenant tous de court.

***
Seul... Seul dans ce hangar. Attaché à une chaise, enchaîné plutôt. Son tee-shirt et déchiré, et une plaie sanguinolente s'ouvre sur sa poitrine, oeuvre dun coup de sabre. Sûrement pendant qu'il dormait... les lâches... Il veut regarder sa montre, au poignet gauche, mais ne peut pas. Quelle heure peut-il bien être??


Une douleur insoutenable lui lançait le flan gauche, et pour cause : une balle à bout portant lui avait arraché un morceau de chair et mis une infime portion l'os de la hanche à nu. Malchance... Quand Dai en eut fini sans trop de difficultés avec tout ces Yakuzas, il se préparait à repartir tranquillement. Première erreur, il avait une fois de plus baissé sa garde. Deuxième erreur, il n'avait tué aucun de ses assaillants, par état d'âme. Un de ses adversaires, à terre, lui avait alors tiré une belle balle de Desert Eagle par derrière, à un mètre. La puissance de ce pistolet était incroyable. Même en serrant les dents et essayant de se convaincre qu'il avait vu pire, Daidara avait perdu connaissance après s'être traîné sur dix mètres à quatre pattes, perdant abondemment son sang.

C'est à ce moment-là qu'il se met dans la tête de briser ses chaînes. Apparement, il a été abondemment drogué, mais il arrive à garder un esprit assez lucide. Daidara serre les dents, tend tous les muscles de son corps, et s'acharne contre ces maudites chaînes, qui lui blessent le bras gauche. Il passe ainsi deux heures, avant de les faire céder. Enfin libre. Toute énergie l'a quitté. Il tombe au sol, presque inconscient, baignant dans une mare de sang. Son sang. Il en a perdu beaucoup trop pour vivre.

" - Et... merde...

Apparemment, le sang s'écoulant de sa blessure a coagulé, formant une hideuse croûte rouge sombre sur sa hanche, qu'il touche précautionneusement. Il ne sait même pas où il est. Daidara regarde sa montre. 3 heures 28.

Pendant longtemps, il reste là, les yeux ouverts, réfléchissant. Il n'en peut plus, peut à peine bouger, écroulé par terre. Lui, qui, il y a quelques années, était considéré dans le milieu du Kenjutsu comme le prochain grand Maître. Celui qu'on avait longtemps appelé "Battosaï l'Assassin", avec respect ou haine. Apparemment, il était l'heure de faire le point avec le Grand Architecte, tout là-haut, dans sa demeure de Lumière. Lui pardonnerait-on ses meurtres ? Peut-être... peut-être pas...

Il ne veut pas dormir. Profiter peut-être de ses dernières heures. Avec une pointe d'amertume, Daidara note qu'il ne s'est jamais rendu compte à quel point la vie peut être belle, quand on la vit... Mais a-t-il réellement vécu? N'a-t-il pas plutôt gâche son bref passage sur cette Terre ? Bah, de toute façon, rien ne sert de se tracasser pour ça.

Enfin, il a bougé. Sa main gauche s'est séparée du sol, et est entrée dans sa poche droite. Elle en ressort, dans un geste lent et pénible, avec un petit téléphone à la main. Dans le Carnet d'Adresses, un seul numéro.

" - Désolé, mon vieux tout là-haut, mais tu vas encore attendre ma visite quelques minutes... J'ai quelques petites choses à faire...

Daidara appuya sur la touche d'appel. Quelques sonneries. Une voix féminine, qui répond. Un sourire étire ses lèvres.

" - Ca... fait du bien... d'entendre ta voix... Haku...

Il a du mal à parler, d'une voix hachée et entrecoupée de respirations sifflantes...

3 heures 28. C'est l'heure qu'Haku parvient à lire, malgrès sa vue troublée par le sommeil, sur le cadran d'un radio-réveil posé sur sa table de chevet. L'adolescente est en sueur mais ne sait pas pourquoi. Sa respiration est étrangement halletante et l'ambiance de sa chambre est oppressante, terriblement oppressante.
D'un geste fébrile, elle porte difficilement la main à son front brûlant.

* Qu'est-ce qui m'arrive ? *

Haku lève la tête et regarde le mur qui lui fait face mais sans vraiment le voir. Elle inspire profondément, retiens sa respiration quelques secondes et la relâche doucement pour tenter de se calmer. Qu'est-ce qui a bien pu la réveiller ? Pourquoi est-elle dans cet état ? Que se passe t-il ? Une série d'innombrables questions se bousculent dans la tête de la jeune fille lui donnant une horrible migraine.
La main toujours plaquée sur son front, Haku se lève et s'essaie à faire un pas mais soudain un choc d'une rare violence la fait s'écrouler sur ses jambes et elle tombe à genoux par terre.
Tout lui est revenu ! Si Haku s'est réveillé : c'est à cause d'un rêve... Non... Un affreux rêve... Non... Pire... Un cauchemar !
Dans ce songe, la jeune fille aux cheveux noirs se trouve dans une immense pièce bien étrange : une sorte de curieux hangar. Elle regarde partout devant elle mais il n'y a rien qui vaille la peine qu'on s'y intéresse réellement mais quand elle se retourne c'est Daidara qu'elle aperçoit, assis sur une chaise, le regard vide, le teint pâle... Blanc comme... Le linceuil...
Le jeune homme est visiblement dans un état proche de la mort car même s'il est encore conscient, Haku remarque l'impressionante quantité de sang qu'il a perdu.
La jeune fille court vers lui et s'aggenouille devant lui. Elle lui crie dessus et essaie de défaire ses liens en manifestant un curieux mélange de colère, de peur, d'inquiètude, de tristesse et même... Bizarrement... D'une profonde "douleur" comme... Une balle reçue en plein coeur...
Ne constatant aucune réaction alors qu'elle gesticule et crie pour obtenir un mot, un geste, n'importe quoi de la part de Dai, elle le prend par les épaules... Mais constate avec horreur qu'elle passe au travers.
Haku se relève alors et recule pendant que sur ses joues, réchauffées par un malaise grandissant à la vue de son ami qui souffre et auquel elle ne peut apporter aucune aide, perle de fines larmes douloureuses qui lui lacèrent le visage.
Brusquement, le jeune fille aperçoit du mouvement chez le "prisonnier", il enlève de lui même ses chaines et se laisse tomber sur le sol.
Spectatrice, Haku ne peut rien faire mais entend une voix :

- Ca... fait du bien... d'entendre ta voix... Haku...

Ses souvenirs s'arrêtent là.
La jeune fille s'est ensuite réveillée.
Quel rêve absurde vraiment... Mais d'un autre côté, tellement vrai ! Tellement réel ! Tellement horrible !

* Ce n'est pas possible ! Daidara ne se ferait jamais avoir ! Il ne peut pas... Mourir ne fait pas partit de son vocabulaire ! Je le connais... *

Toujours assise par terre, Haku s'immobilise une nouvelle fois. Sa main plaquée sur son front se molit légèrement et tremble comme une feuille.

* Erreur ! Je crois le connaître ! *

Un bruit ! Une sonnerie ! Son portable ! Qui ? A cette heure ? Elle regarde partout autour d'elle, finit par attraper son jean, fouiller rapidement dans chacune de ses poches et sortir son portable.
En regardant le cadran, c'est un soupire de soulagement qu'elle pousse : il s'agit de Daidara ! Elle décroche.

- Dai ?

- Ca... fait du bien... d'entendre ta voix... Haku...

En un instant, le visage d'Haku se décompose. Une petite voix tremblotante, elle s'assure :

- ... Dai... Daidara... ?? Pourquoi... Pourquoi est-ce que... Tu me dis ça ??

[je me prépare un beau départ, tiens!! ^^]

La voix de la jeune fille arrivait jusqu'aux oreilles de Daidara d'une manière assez étrange, comme... déformée. Le jeune homme serrait dans sa main gauche le petit éléphone portable. Un simple petit morceau de plastique, avec des circuits électroniques à l'intérieur... C'était tout ce qui lui restait pour entendre cette voix. Cette voix, d'une personne qu'il aimait tant. D'un autre côté, cela lui faisit du bien aussi. Il se sentait comme... accompagné dans cet endroit. L'impression de ne pas être seul, d'avoir la présence rassurante d'Haku à ses côtés. Elle qui avait toujours été avec lui depuis qu'ils se connaissaient, il se rendait compte seulement à ce moment-là à quel point elle comptait pour lui. Quand il s'en rendit compte, une larme coula sur sa joue. Une larme qui contrastait singulièrement avec le sourire apaisé qui flottait sur ses lèvres. Quand il parla, sa voix était faible, rauque, et pourtant, il ne cessait de sourire.

" - Parce que... je ne te l'avais jamais... dit avant.

Il marqua une pause, et après un cri etouffé de douleur, cracha une gerbe de sang sur le sol froid et cimenté. Il était encore plus amoché qu'il ne l'avait cru à première vue. Pour lui-même, il murmura :

{size=9]" - Et merde, j'ai déjà pas beaucoup de sang, faudrait mieux pas en perdre...[/size]

Daidara arracha les lambeaux qui restaient de son débardeur noir, frissonant dans l'atmosphère glaciale du hangar, et essuya ses lèvres maculées de son propre sang avec les loques de tissu. Puis, il reprit la téléphone qu'il avait laissé tomber, et reprit ses lentes paroles :

" - Tu sais,... Haku... On a déjà du te dire... de vivre chaque jour... comme le dernier, non?

Il y eut encore un silence durant lequel Daidara ferma les yeux, fatigué, la respiration haletante. Non, il ne devait pas mourir maintenant. Au moins tenir quelques heures encore. Simplement quelques heures...

" - On... me l'a dit aussi. Je... je n'y ai jamais... cru. Et du coup, j'ai raté... ma vie. Il y a... tant de choses que j'aurai aimé... te dire. Tu comptes tellement pour moi...

Oui, du coup, il avait raté sa vie. Tant de personnes, qui comptaient pour lui. Kakashi... Haku... Keith... Shamio, Jas bien sûr, et d'autres encore. Et du coup, il ne leur avait jamais dit. Jamais dit à quel point il était heureux de pouvoir compter sur eux, en cas de pépin... Jamais dit à quel point il les aimait, chacun à leur manière. Avec Haku et Kakashi, il avait mis beaucoup de fois sa vie en jeu, avec les Midnight Angels. Combattre aux côtés de ces personnes avait, côtoyer la mort ensemble, avait tissé des liens proches de la fraternité. Et là encore il n'avait su l'exprimer.

" - Je ne te l'ai... jamais dit, il... me semble. Mais tu sais, Haku... je t'aime... énormément... comme ma... petite soeur, en quelque sorte... Ca me paraissait... évident... c'est pourquoi je... n'ai jamais jugé utile... de te le dire ouvertement. Pourtant, maintenant... je regrette. Je n'ai plus que... ce téléphone... pour te le dire. Et tu es si loin...

Daidara effectua une courte pause. Son auto-mail, avec précaution, se posa sur son horrible blessure, à la hanche gauche. Le visage du jeune homme se contracta de douleur, mais il retint un cri. Inutile de montrer sa douleur à son amie.

" - Si... j'avais pu choisir ma mort... j'aurai aimé mourir... avec toi et Jas, dans vos bras... ma petite soeur et mon amour... Tu vois, lorsque je... fermerai les yeux, ce sera... comme si j'effaçais d'un coup... tout ce qui se trouve dans ma mémoire... seulement... je crois aussi que la dernière chose... qu'une personne voit avant de mourir... il peut l'emporter avec lui... dans l'éternité... au-delà de la mort. Si c'était vrai, alors... la dernière image que j'aimerai avoir de ce monde... c'est vos deux visages...

Une violente quinte de toux le secoua, qui lui fit cracher une nouvelle gerbe de sang sur le sol. En portant la main àson front, Daidara constata que celui-ci était trempé et brûlant de fièvre. Non, pas maintenant... Encore quelques heures, donnez-moi encore quelques heures...

La main d’Haku, celle qui tient le portable, tremble comme une feuille malmenée par une brise d’hiver. En fait, ce n’est pas cette main seule qui tremble, c’est la jeune fille entière. Perdue dans une centaine, un millier de pensées plus absurde les unes des autres, c’est un frisson à glacer le sang du plus courageux des guerriers qui aide l’adolescente à reprendre ses esprits.
Rien que d’entendre sa voix, Haku sait qu’il s’est passé quelque chose et pas quelque chose de très bon… D’horrible même !
Toujours tremblante, elle se lève et téléphone toujours en main, elle s’habille rapidement, enfile son jean, la première chemise qui lui tombe sous la main et met négligemment sa paire de chaussure dont elle oublie de nouer les lacets mais qu’importe. Voilà qu’en moins de temps qu’il en faut pour l’écrire, la jeune fille s’apprête à sortir.
Décidée, elle soulève son matelas et y récupère son katana. Curieuse cachette mais mieux vaut dissimuler certaines choses, n’est-ce pas ?
Pendant ce temps, elle écoute attentivement les paroles de Daidara, répliquant de temps à autre un « Je ne comprends pas » ou « Qu’est-ce que tu raconte là ? ». Entendre parler ainsi ce jeune homme, ne lui annonce rien de bon. Daidara ? Lui ? Dire ce qu’il a sur le cœur ? Et au téléphone ? Impossible ! Et pourtant… Voilà qu’il est en train de le faire !
Sans attendre, Haku ouvre la fenêtre, saute par-dessus le rebord pour atterrir sur ses jambes avec l’agilité d’un chat et la voilà partie, en une course folle vers un lieu qu’elle ne connaît que trop bien : la ville mystérieuse. Gardant pendant ce trajet éclair le portable à son oreille, elle continue à écouter son ami mais cette fois, elle ne lui dit rien préférant préserver son souffle pour trouver Daidara au plus vite.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille est à bout de souffle mais obstinée comme elle l’est, elle continue de courir et traverse ainsi la ville en passant par des rues principales sans se soucier des quelques yakusas qu’elle aperçoit d’un coup d’œil distrait.
Après avoir traversée la ville, Haku voit enfin l’objet de ses recherches : un grand entrepôt. Difficilement, elle avale sa salive et essaie de reprendre son souffle. Et si… Si elle s’était trompée ? A interpréter ses rêves, on peut facilement se tromper ! Qui lui dit que ce n’est pas un parfait hasard ? Une coïncidence ? Même aussi troublante soit-elle…

* Non… Je n’ai pas le droit à l’erreur ! *

Sûre d’elle (enfin presque, étant donné que ses mouvements se sont remis à trembler), la jeune fille pousse la grande porte de l’entrepôt et… le trouve désert !
La surprise n’est pas si grande que ça mais Haku n’y prête pas plus d’attention. Elle ne peut pas se tromper ! Pas comme ça ! Pas maintenant ! Elle ne peut pas ! Elle ne doit pas !
Son regard parcourt l’intérieur d’une sorte de hangar et trouve au fond une seconde porte mais beaucoup moins grande qui se fond presque dans le mur. Elle s'en approche et ouvre la porte pour trouver enfin Daidara.

- Daidaraaaaa !